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« L’Autre-Histoire », quelle drôle d’expression ! Comme s’il y avait une autre façon d’étudier l’Histoire qu’on enseigne au collège ou au lycée à partir des manuels scolaires? L’idée n’est pas si étrange que cela, d’ailleurs ne dit-on pas parfois que « l’Histoire est écrite par les vainqueurs ? ». Pourtant, n’importe quel enseignant sera d’accord pour affirmer  que dans un cursus on ne peut faire l’impasse sur une période aussi essentielle que la Shoah… L’enseignant, à travers la « science historique », est le garant du devoir de mémoire, et c’est tant mieux.

Mais si l’Histoire est une « science », est-elle condamnée à être ennuyeuse pour les jeunes qui, souvent, pensent qu’il s’agit avant tout d’apprendre des dates par coeur ? Certainement pas ! En ce qui me concerne, cette discipline est une passion depuis le jour où un instituteur m’a initié en CE2, et c’est un peu grâce à lui que je me suis retrouvé des années plus tard sur des chantiers de fouilles dans le désert jordanien… Après avoir étudié à l’Université, j’enseigne à présent dans des classes où parfois des élèves me demandent en début d’année « quel est l’intérêt de l’Histoire ». Non seulement je leur réponds qu’elle permet de comprendre le monde d’aujourd’hui, mais en plus je leur assure que cette discipline est plaisante ! En septembre, j’utilise souvent une anecdote, qui me sert aussi en Education Civique, en posant une question a priori simple : pourquoi en politique y a-t-il une droite ou une gauche ? Comme personne ne sait, j’explique qu’en fait vers 1791 les députés qui étaient favorables au roi se rangeaient à la droite du président de séance, les autres se mettaient à gauche ! C’est assez amusant d’observer la réaction des élèves face à cette réponse toute bête !

Des anecdotes, il y en a une multitude, qui permettent de mieux comprendre des périodes, mais elles sont , hélas, trop rarement abordées. Pourtant quelques mots suffisent souvent à développer la curiosité : pourquoi ne pas évoquer l’origine païenne du mythe du Déluge ? L’influence du polythéisme égyptien sur la religion chrétienne ? La fantastique précision du calendrier Maya ? Les histoires sur les automates mécaniques que l’on construisait en Grèce durant l’Antiquité ? La merveilleuse machine astronomique d’Anticythère ? La secte créée par le philosophe Pythagore qui croyait que « tout était nombre » ? L’épisode où Alexandre le Grand  en Inde prit des singes pour les membres d’une peuplade inconnue ? La ferveur religieuse des Carthaginois qui sacrifiaient… leurs propres enfants ?

N’est-il pas fascinant de connaître le récit mythique de l’empereur Néron jouant de la lyre en regardant brûler Rome ? L’existence des femmes gladiateurs ? Le temps où les Chrétiens remplacèrent la fête des morts païenne « Samain » par « la Toussaint » ? Le rapport entre l’Empereur Vespasien et les vespasiennes ? La bataille des champs catalauniques, lorsque pour affronter Attila les Romains furent contraints de s’allier avec des barbares ? La fascination de Clovis pour l’Empire romain ? Le feu grégeois des Byzantins qui brûlait même dans l’eau ? La tolérance religieuse de Genghis Khan ?

Et pourquoi ne pas aborder la découverte de Terre-Neuve par le terrible Viking Leif Ericson des siècles avant les Portugais ? L’Empire africain du Grand Zimbabwe ? Les exploits militaires des Turcs contre les Arabes et les Byzantins ? Le changement brutal dans la personnalité de Louis XIV qui inspira « le Masque de Fer » ? Le souvenir de Monsieur de Croquetagne, capitaine de Louis XIV, et ancêtre de Davy Crockett ? Le parcours d’un esclave noir qui devint un grand musicien et escrimeur,  le chevalier de Saint-George ? Le procès rocambolesque de Robespierre ? L’héroïsme méconnu des pilotes de chars français en 1940 ? La raison pour laquelle les kamikazes criaient « banzaï » ? L’incroyable destin de l’ancien nazi Von Braun qui envoya un américain sur la Lune ?

A coté de ces anecdotes « spectaculaires » il est tout aussi intéressant d’analyser ce qu’on a appelé à partir des années 70 la « micro-histoire », celle des paysans, du peuple, de tous ces anonymes qui n’ont jamais écrit d’oeuvres majeures, ou dirigé des empires,  formant des masses silencieuses tout au long des siècles. S’émouvoir du procès en sorcellerie d’un meunier du XVIe siècle, qui se défend en affirmant qu’on lui reproche seulement de lire des livres écrits par des érudits arabes, ce qui le conduira bien évidemment au bûcher… Admirer l’ouvrage de Johannes Wierus qui en 1583 prend courageusement la défense des « sorcières » en affirmant qu’elles ne sont pas possédées, mais victimes de troubles mentaux. Ou s’amuser de constater que les graffitis obscènes existaient déjà à l’époque de l’Empire romain !

Vous l’aurez compris, le but de ce blog n’est donc pas de se substituer aux vénérables livres officiels, mais de prolonger un fabuleux voyage humaniste à travers les siècles afin d’étudier les méandres de l’Histoire dans ce qu’elle a de plus anecdotique, insolite, émouvant ou… plaisant. Une « Autre-Histoire » en somme !